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A. Aziz Mbacké Majalis :PEUT-ON FAIRE DU BIEN AVEC LE MAL ?

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Il y a une manière de penser au Sénégal qui m’a toujours plus ou moins troublé. Me poussant même quelques fois, tellement cette vision du monde est répandue chez nous, à douter de la justesse de certains de mes principes.

Cette philosophie bien sénégalaise consiste à avaliser tacitement la licéité de n’importe quelle profession ou activité, du moment qu’elle permet à son auteur de s’acquitter de certaines responsabilités sociales et financières.

Comme prendre en charge sa mère et ses parents, créer des emplois, aider son entourage et ses amis, financer des activités religieuses, s’acquitter de la Hadiya etc.

Ainsi, chez nous, pour prendre un exemple des plus parlants, être mannequin (un métier dont je ne parviendrai jamais, jamais, à comprendre qu’une musulmane lucide puisse s’y exercer) et exposer de façon impudique son corps aux quatre coins du monde, tout en menant un train de vie des plus dissolus dans les bars et dancings de la Jet-set, ne pose apparemment aucun problème aux parents et amis dudit mannequin.

Du moment où cette étrange activité « culturelle » permet à celle-ci d’aider sa mère (reconnaissante envers cette « piété filiale » et prête à crier sur tous les toits « Moom dé fatté wou ma benn yoon, dara manqué wou ma, maa ngi koy niaanal Yàlla » etc.), de lui offrir un billet pour la Mecque ( !), de prendre en charge ses frères et sœurs, de faire de l’humanitaire etc. Sans même se soucier de la PROVENANCE illicite et plus qu’avilissante de cet argent, surtout pour des personnes qui se disent croyantes…

Et le mannequinat (qui n’est pas si éloignée de la « prostitution visuelle », à mes yeux) n’est pas le seul exemple chez nous de cette troublante absence de « connexion morale » entre la provenance et la destination de nos ressources.

Loin s’en faut. Tellement il est vrai que, dans le « pays de la Téranga », du moment où l’on est capable de prodiguer des « téranga » et de satisfaire à certaines « koleuré » pressantes, rien ne nous est plus interdit. Même les prohibitions divines ou morales les plus manifestes.

Et les « déloo njukël » publics, les satisfecits médiatisés et autres dispenses religieuses tous azimuts seront toujours là pour nous donner bonne conscience et nous rassurer sur la parfaite licéité de notre activité.

Il suffira ainsi toujours chez nous à une star immorale, à un homme public véreux, de déclarer qu’il exerce tel métier (quelle que soit la nature de ce métier) pour soutenir sa mère et subvenir aux besoins de ses parents et amis pour se voir aussitôt élevé aux plus hauts degrés sociaux et littéralement canonisé « cheikh » !

J’avoue humblement, pour ma part, faire des efforts pour comprendre une telle incohérence, mais je ne parviendrais jamais, je le reconnais, à comprendre ce niveau inouï de contradiction, qui est apparemment la chose la mieux partagée au pays.

Leurs auteurs auraient-ils clairement avoué qu’ils ne se reconnaissaient plus comme musulmans, que le Coran, que les enseignements du Prophète (PSL) et ceux des Vertueux Anciens dont ils se réclament, n’étaient plus leurs véritables références, que ce comportement ne m’aurait posé aucun souci.

Mais se dire « croyants », donc croire sincèrement aux Terribles Menaces à l’Au-delà (tiens, qu’en est-il du « beau corps » du mannequin récemment décédé, après 20 jours de tombe, sous l’insatiabilité vorace des vers de terre ? Thiey Yàlla !), et continuer à vivre si manifestement dans ce genre d’activités.

Tout en se disant « Yàlla di na niou baal, ndakh kou baakh la » (alors que cette Miséricorde de Yàlla ne L’a nullement empêché de laisser placidement sombrer le Joola et ses centaines de bébés et de jeunes enfants hurlant dans la nuit noire de l’Océan endormi), me paraît plus que troublant. Tragique.

Y a-t-il donc quelque chose qui m’échappe ? Quelque chose que mon intelligence, peut être un peu trop étriquée et « bornée » de « non-nandité » ne pige pas ? Qui est responsables, qui est coupables ? Les parents ou les religieux ? Les politiques ou les médias ? Tout le monde ?

Ou plutôt sommes-nous, nous les sénégalais (moi y compris), des « musulmans » d’un type très, très, spécial ?

En tous cas, doy na waar…

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