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Bédié-Ouattara: du désamour à l’entente cordiale

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En Côte d’ivoire, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié s’apprêtent à unifier leurs deux formations politiques à quelques mois de la présidentielle de 2020.

Les deux hommes ont développé une relation qui semble résister au temps et à la gestion du pouvoir même s’ils symbolisent en Côte d’Ivoire une longue période d’opposition politique farouche.

Depuis le décès du président Félix Houphouët Boigny, ils ont été opposés avant de tisser une surprenante alliance qui tient la route dans bien que mal depuis les accords de Linas Marcoussis marquant la fin de la guerre civile (2002-2003).

Le clash Bédié-Ouattara trouve ses origines dans la guerre de succession à la mort du Vieux. En 1993, les Ivoiriens se demandaient à la lecture de la Constitution, qui du premier ministre Ouattara ou du président de l’Assemblée nationale Bédié devait succéder à celui qui était considéré comme le père de la nation.

Alors qu’un vent de tristesse soufflait encore sur le pays endeuillé par la perte de l’unique président qu’il a connu depuis 1960, les Ivoiriens craignaient une guerre de succession. Sans attendre l’issue du débat sur l’interprétation de la Constitution, Konan Bédié s’installe dans le fauteuil présidentiel le 7 décembre1993.

Sa prise de pouvoir est ‘validée’ par la France mais est loin d’être du goût d’Alassane Ouattara qui démissionne deux jours plus tard avec son gouvernement.
Sur fond de tensions, Henri Konan Bédié, qui est en quête de légitimité, doit achever le mandat du ‘Vieux’ et préparer l’élection présidentielle dans un pays où le vent du multipartisme souffle depuis 1990.

Entre-temps, Alassane Ouattara rejoint le Rassemblement des Républicains, un parti politique dont la figure de proue était Djéni Kobinan, un ancien cadre du PDCI.

L’alliance Gbagbo-Ouattara contre Bédié

En 1995, dénonçant des conditions très peu démocratiques autour de l’organisation des élections, l’opposant historique Gbagbo Laurent s’allie au RDR pour lancer le Front républicain.

L’alliance appelle au boycott actif, notamment en raison des conditions d’éligibilité à savoir être né de parents ivoiriens et avoir résidé dans le pays pendant au moins 5 ans sans discontinuer.
Face au candidat du Parti Ivoirien des Travailleurs (PIT) de Francis Wodié, Bédié remporte les élections avec 96,16% des voix contre 3,84% pour son adversaire.

Henri Konan Bédié consolide son pouvoir après la présidentielle de 1995.

Cependant des affaires de corruption et de mauvaise gouvernance plombent sa présidence. L’opposition s’organise et fait vaciller le régime.

C’est alors que des intellectuels proches du président initient et amplifient le concept de l’ivoirité.

Le Rassemblement des Républicains voit en ce concept un moyen d’écarter son leader, d’exclure les nordistes de la vie politique du pays et de bâtir la Côte d’Ivoire post-Boigny avec un esprit de xénophobie pour une nation accueillant 24% d’étrangers selon l’Institut nationale de la statistique.

Le malaise ambiant conduira au départ de Bédié un 24 décembre 1999 lors d’un coup d’Etat dirigé par le général Robert Gueï. A l’origine de la contestation qui a conduit au coup d’Etat, les soldats réclamaient leurs soldes

L’opposition parle d’un « coup d’Etat salutaire » mais les partisans de Bédié y voient la main d’Alassane Ouattara.

 

Bédié-Ouattara: du désamour à l’entente cordiale
Cette phrase d’Alassane Ouattara prononcée à l’endroit du pouvoir de Bédié est répétée par ceux qui l’accusent d’être derrière le coup d’Etat.
Bédié s’exile en France mais le calvaire d’Alassane Ouattara ne s’arrête pour autant avec le général Guei nouveau chef de l’Etat.

La nouvelle constitution exige que les candidats soient nés de parents ivoiriens. Ouattara, au cœur d’un débat sur ses origines burkinabè depuis l’arrivée au pouvoir de Bédié, va se voir de nouveau exclu de la course à la magistrature suprême.

Lors des élections de 2000, le général Robert Guéï tente de se maintenir au pouvoir alors que la Commission Electorale Indépendante (CEI) proclame des résultats qui augurent la victoire de Laurent Gbagbo.
A l’appel du Front populaire ivoirien de Laurent Gbagbo, des milliers de personne descendent dans la rue et provoque la chute du régime militaire du général Robert Guéï. C’est l’heure de grâce pour l’opposant historique investi le 26 octobre 2000 par le Conseil Constitutionnel comme quatrième président de la Côte d’Ivoire.

Le pays ne connait pas pour autant la stabilité. Le 19 septembre 2002, alors qu’il était en Italie, Laurent Gbagbo est victime d’une tentative de coup d’Etat qui va se muer en rébellion.

Des centaines d’homme armé dirigés par Guillaume Soro au sein du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI), vont occuper certaines villes du nord dont Bouaké.

Cette nouvelle crise va rapprocher Bédié et Ouattara, en froid depuis le décès d’Houphouët Boigny.

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