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La société civile sénégalaise ne compte pas cautionner une amnistie pour les putschistes au Burkina Faso. Face à la presse hier, le mouvement Y’en a marre et d’autres organisations somment la société civile africaine de se mobiliser pour s’opposer à la «promotion de l’impunité». Pour obtenir gain de cause, ils ont décidé de saisir l’Union africaine et l’Onu.
L’amnistie accordée au général Gilbert Diendéré et à ses hommes du Régiment de la sécurité présidentielle (Rsp), dans le cadre du projet de sortie de crise au Burkina Faso, n’est pas du goût des militants de la société civile du Sénégal. Réunis au sein d’une plateforme dénommée Comité africain de solidarité avec le Peuple burkinabè, le mouvement Y’en a marre, la Raddho, Amnesty international, Article 19, entre autres organisations, rejettent en bloc le point 12 de ce projet d’accord qui propose le «pardon et l’impunité» au général Diendéré et Cie accusés de massacres lors des manifestations populaires qui ont provoqué la fuite du Président Blaise Compaoré en octobre dernier. Pour s’opposer à cette «promotion de l’impunité», la plateforme, qui faisait hier face à la presse, annonce une saisine des organismes internationaux. «Ce combat va être mené partout. L’Union africaine a déjà une position forte. Nous allons soutenir celle-ci et demander à l’Ua de ne pas cautionner ce que risque de commettre la Cedeao. Nous allons saisir également l’Onu qui ne peut pas accepter cette forfaiture», renseigne Fadel Barro, coordonnateur du mouvement Y’en marre pour qui, une telle proposition est «déjà lourde de menaces pour la paix et la stabilité du Burkina Faso et constituerait un précédent dangereux pour la sécurité des Peuples et la démocratie».
En attendant, la plateforme demande aux chefs d’Etat des pays membres de la Cedeao, qui se réunissent aujourd’hui en sommet extraordinaire à Abuja, de «rejeter fermement» toute forme d’amnistie en faveur des putschistes, en se conformant aux textes juridiques de la Cedeao et de l’Union africaine. Afin de contraindre l’institution sous régionale à ne pas entériner cette disposition, Fadel Barro et Cie appellent à la mobilisation de toute la société civile africaine pour la sauvegarde des «intérêts actuels et futurs» du Peuple burkinabè. Aux yeux de M. Barro, «la Cedeao ne doit pas être une jurisprudence qui va encourager des bandits qui sont en train de commettre des crimes en Afrique». Selon lui, celle-ci, en adoptant un tel projet «se positionnerait comme une institution à côté des despotes et des violeurs de Constitution».
Médiateur de la Cedeao dans la crise burkinabè, le Président Macky Sall s’est attiré les foudres du Comité de solidarité avec le Peuple burkinabè. D’après Fadel Barro, au moment où le Sénégal est un exemple dans la lutte contre l’impunité avec l’emprisonnement de Karim Wade, Macky Sall en tant que président de la Conférence des chefs d’Etat des pays membres de la Cedeao ne doit pas ternir l’image du Sénégal en soutenant le contraire dans d’autres pays.
Le Quotidien