16 pages au lieu de 8. Le nouveau Charlie Hebdo a tout de même été édité malgré l’attentat de la semaine dernière. Sur la couverture de l’hebdomadaire, titré «Tout est pardonné», le prophète Mahomet est dessiné tenant un panneau avec écrit dessus «Je suis Charlie». Dessinée par Luz, la une rappelle celle du 2 novembre 2011, lorsque l’hebdomadaire avait dessiné le prophète avec ces paroles: «100 coups de fouet, si vous n’êtes pas morts de rire!» Cette couverture avait provoqué, la veille de la parution du journal, un incendie criminel dans les anciens locaux de Charlie Hebdo.
Les rédacteurs du journal ont voulu réaliser un numéro «prêt à rentrer dans l’histoire». À l’intérieur, les lecteurs découvriront plusieurs hommages aux dessinateurs décédés, sous forme de caricatures.
Un dessin représentant les frères Kouachi au ciel leur fait dire: «Bah, elles sont où les 70 vierges? Une personne leur répond: «Avec l’équipe de Charlie Hebdo tocards». Sur le même sujet, un ancien dessin de Tignous, mort lors de la fusillade, a été publié. On peut voir trois fondamentalistes musulmans se dire: «Il ne faut pas toucher aux gars de Charlie Hebdo sinon ils vont passer pour des martyrs, et une fois au paradis, ces enfoirés vont nous piquer toutes nos vierges.»
L’urgentiste Patrick Pelloux a signé une chronique émouvante, titrée «Je, tu, il, nous, vous, ils, suis Charlie». Le patricien hospitalier a une pensée pour son ami Charb: «Le journal a du faire un truc incroyable cette semaine pour qu’ils aient une telle couverture. Charb va être content, car les ventes vont remonter.»
La chroniqueuse judiciaire, Sigolène Vinson, revient sur la tuerie de mercredi dernier. Elle se souvient des bruits des tirs des kalachnikovs: «Pop, pop, pop, pop… Puis, un silence de mort. Jean-Luc (un des maquettistes) et moi restons à terre (…). À mes amis. Et aux autres.» La dessinatrice Corinne Rey, alias Coco, a salué les manifestations de dimanche en réalisant un dessin intitulé: «J’écris ton nom, liberté.»
En dernière page, dans la rubrique des «couvertures auxquelles vous avez échappé», un dessin fait le parallèle entre les activités des dessinateurs et celles des terroristes: «Dessinateur à Charlie Hebdo, c’est 25 ans de boulot. Terroriste, c’est 25 secondes de boulot. Terroriste, un métier de feignant et de branleur.»