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Expulsion d’un opposant franco-gambien du Sénégal, « une opération de charme envers la Gambie »

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Les autorités sénégalaises ont annoncé lundi l’expulsion prochaine d’un opposant au président gambien Yahya Jammeh. Une façon pour Dakar de montrer son soutien au chef de l’État voisin, après le putsch manqué du 30 décembre.
Après le coup d’État manqué du 30 décembre en Gambie, les représailles contre les adversaires politiques du président Jammeh se poursuivent au-delà des frontières gambiennes. Dernière en date : l’opposant franco-gambien Cheikh Sidya Bayo, né à Paris mais vivant à Dakar, va être expulsé, a annoncé lundi 5 janvier le gouvernement sénégalais.
Le militant de 35 ans devrait être renvoyé vers la France en vertu de sa double-nationalité.
Appel à l’insurrection
Homme d’affaires, Cheikh Sidya Bayo réside habituellement au Sénégal, pays ayant des frontières terrestres avec la Gambie, et séjourne régulièrement en France. Il avait créé le Conseil national pour la transition en Gambie (CNTG) à Dakar en 2012, parti d’opposition des Gambiens exilés.
Le Sénégal l’accuse « d’attaque à l’ordre public sénégalais » après une vidéo diffusée le 25 décembre sur Youtube, quelques jours avant l’attaque du palais présidentiel à Banjul, dans laquelle il lance un appel à l’insurrection contre le président Yahya Jammeh, en s’adressant notamment aux militaires. Les jours suivants le coup d’État, le militant avait demandé à tous les opposants gambiens de « soutenir ce putsch » dans plusieurs médias sénégalais.
Pour son avocat, la vidéo de Cheikh Sidya Bayo n’a pour autant rien à voir avec la tentative de coup d’État. « C’est une simple coïncidence. Il ne connaît même pas les militaires qui ont organisé l’attaque » contre le palais présidentiel, a expliqué maître Cissé à l’AFP.
Pour l’heure, ses avocats ont déposé mardi une requête auprès de la Cour suprême de Dakar pour annuler l’arrêté du ministre de l’Intérieur. Un recours non suspensif qui n’empêche pas de fait son expulsion.
« Bayo sera certainement expulsé, mais on veut créer une jurisprudence »
Le président Jammeh a démenti dans la nuit du 31 décembre une tentative de putsch et évoqué une attaque de « terroristes soutenus par des puissances » étrangères, accusant « des dissidents basés aux Etats-Unis » ainsi que le Sénégal.
Selon plusieurs associations de défense de droits de l’Homme, dont le directeur d’Amnesty au Sénégal Seydi Gassama, l’arrestation de Sidya Bayo est un signe envoyé de Dakar à Banjul.
« Le Sénégal avait deux options : lui imposer des limites ou lui donner un délai pour quitter le pays. Il a choisi une troisième plus rude : ’embastiller’ un opposant célèbre pour montrer que Dakar n’est pour rien dans ce putsch et signifier à Banjul que le Sénégal n’est pas d’accord avec ceux qui s’opposent ouvertement à Yahya Jammeh. On est clairement dans une opération de charme du Sénégal envers la Gambie » a-t-il déclaré à France 24.
Pour Seydi Gassama, l’expulsion de Cheikh Sidya Bayo vers la France est actée. Mais il voit plus loin : « En déposant ce recours à la Cour suprême du Sénégal, on souhaite avoir une jurisprudence, et que l’expulsion d’autres ressortissants gambiens vivant au Sénégal ne soit pas systématique dans le contexte actuel ».
Au pouvoir depuis 20 ans, le président Jammeh a souvent accusé le pays voisin d’accueillir des « opposants gambiens ». De son côté, le Sénégal estime que Banjul soutient toujours les rebelles en Casamance, une rébellion indépendantiste dans le sud du Sénégal, qui dure depuis 1982.
L’expulsion de Bayo intervient au lendemain de l’arrestation aux États-Unis de deux ressortissants gambiens, Papa Diop et Cherno Njie, accusés de complots.

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