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Ibrahima SENE PIT : Situation du système de rémunération

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Situation du système de rémunération
Des Agents de l’Etat en 2018

I) Evolution du Système

Le système de rémunération des Agents de l’Etat a connu, à partir de 2004, une très grave dérèglementation, lorsque le gouvernement a choisi d’augmenter les rémunérations par la création et/ou la valorisation d’indemnités existantes, au détriment de la valorisation du Point Indiciaire, sous prétexte de mieux valoriser les compétences.

Pourtant, suite aux revendications des Centrales syndicales, le Point Indiciaire qui était bloqué depuis 1980 à 39,86 frs, a subi à partir de 2004, une augmentation progressive cumulée, de 29%, pour se situer à 51,42 frs, en octobre 2011, soit 171,1 milliards.

Pendant ce temps, les rémunérations d’une certaine catégorie d’Agents de l’Etat bénéficiant d’une forte valorisation d’anciennes indemnités ou primes, ou de création de nouvelles, ont augmenté de 119,7 milliards, sous prétexte d’une prise en compte de la nécessité de valoriser les compétences.

Mais l’impact de cette valorisation sur les performances de ces Agents est jugé, selon les données même de l’Enquête commanditée par le gouvernement sur « la Rémunération des Agents de l’Etat », de « nul ou faible » à 70,5% par les Centrales syndicales, et de 56,9% par les Ministères !

Pis encore, les Centrales y ont estimé à 59% que cet impact n’a pas respecté le « principe d’équité et d’égalité » !

Ainsi, l’option de valorisation des rémunérations des Agents de l’Etat par les « Indemnités et autres primes » n’a juste servi qu’à la dérèglementation du système de rémunération des Agents de l’Etat, en faveur d’une certaine catégorie des Agents de l’Etat, sans impact positif sur la performance globale de l’Administration, tout en creusant les inégalités.

II) Qu’en est- il en 2018 ?

En 2018, la masse salariale est projetée à 633 milliards de F CFA contre 586 milliards, soit une hausse de 8% en valeur relative. Le gouvernement n’a pas, pour dire le moins, oublié la sécurité.

Il a dégagé une enveloppe pour le recrutement de 3 990 agents supplémentaires des forces de défense et de sécurité pour lutter, sur tous les fronts, contre la criminalité, en particulier le terrorisme.

Cette hausse s’explique aussi en grande partie par la décision d’intégrer chaque année, dans la masse salariale, dix mille (10 000) professeurs et maîtres contractuels ainsi que par la mise en œuvre de l’accord signé avec les syndicats de la santé.

Toutefois, il convient de souligner que toutes les dépenses de personnel du budget 2018 ne sont pas inscrites au titre II.

Hors du titre II, l’Etat et ses différents démembrements verseront, en 2018, la somme globale de 233,8 milliards de FCFA de salaires, émoluments, indemnités et traitements divers.

Ce qui porte la rémunération globale dans le secteur public à 866,8 milliards pour l’année 2018, soit 39% des recettes fiscales. Un chiffre qui ne tient pas compte de la masse salariale des collectivités territoriales.

Ces 233,8 milliards sont répartis entre les contractuels pour 87,8 milliards, dont 67,8 milliards pour les Professeurs et Maitres contractuels de l’Education, pour 15,8 milliards pour les Institutions (Assemblée nationale, Haut Conseil des Collectivités Locales, Conseil Economique, Social et Environnemental), pour 109,8 milliards aux Agences et autres Entreprises parapubliques.

III) Comparaison de quelques postes de dépense de personnel, 
et recommandations.

Pour les Dépenses de personnel, la Présidence reçoit 9,16 milliards, et la Primature, 3,34 milliards, soit un Total de 12,5 milliards, soit 1,4% des Dépenses totales de personnel.

L’Assemblée Nationale + CESE+ HCCT ont reçu un total de 15,8 milliards, soit 1,8%
Ceux qui prétendent que ces Institutions pèsent lourdement dans les Dépenses de personnel de l’Etat, devraient revoir leur Copie.

Par contre, deux secteurs y pèsent lourdement.

Ce sont : 
a) L’Education Nationale pour 298,57 + 67,8 milliards supplémentaires pour les vacataires et contractuels, soit 366,32 milliards, ou 42,26% des Dépenses totales de personnel.

Quand on sait par ailleurs que plus de 30% des enseignants n’enseignent pas, mais continuent de bénéficier de façon indue de la «Prime d’enseignement et de l’Indemnité de logement », leur exclusion du bénéfice de ces avantages permet de dégager une cagnotte pouvant contribuer à améliorer la rémunération des « enseignants – craie- en main ».

b) Les Agences et autres Entreprises Para publiques reçoivent 109,9 milliards, 12,67%.

En leur amputant le tiers de ce montant, cela va donner une cagnotte supplémentaire de 36,6 milliards, destinée à contribuer à régler les distortions salariales les plus criardes.

Ainsi, en procédant à ces deux ajustements, l’on aura un début de réponse aux exigences de corriger les injustices dans le système de rémunération des Agents de l’Etat.

Mais pour éviter de retomber dans des injustices encore plus graves, il faudrait procéder à bloquer les indemnités à leur niveau actuel, ne plus en créer, et axer l’amélioration des rémunérations des Agents de l’Etat, exclusivement via le « Point Indiciaire », dont le niveau devrait être renégocié tous les cinq ans lorsque le taux d’inflation demeure inférieur à 3%. Mais, en cas d’inflation égale ou supérieure à 4%, la renégociation du « Point Indiciaire » s’impose d’emblée.

Ibrahima SENE PIT/SENEGAL
Dakar le 7 Septembre 2018

 

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