});












La communauté mouride se rappelle son 1er khalife : Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké.

= 1268

Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké est fils de Cheikh Ahmadou Bamba. Né à Darou Salam en 1886, sa vie et son œuvre reposent sur deux socles qui ont transcendé le temps et les époques : le raffermissement du Mouridisme et la construction de la grande Mosquée de Touba. Bien que n’étant pas l’aîné des fils de Serigne Touba, Serigne Modou Moustapha, âgé de 40 ans, fut le 1erKhalife du fondateur du mouridisme, après le rappel à Dieu de son père. Issu de la prestigieuse famille maraboutique de Serigne Coki dans le Ndiambour, de par sa mère Sokhna Aminata Lo, Serigne Moustapha est le neveu de Serigne Makhtar Binta Lo, un des premiers compagnons de Serigne Touba. Très jeune, il débuta son initiation coranique auprès de son père, avant de la poursuivre, en compagnie de son frère cadet Serigne Fallou, aux côtés de Mame Thierno Birahim Mbacké, sept années durant.

10407990_459260887571128_2007368338395824233_n

En 1902, il fut de l’expédition de Khomack qui allait rejoindre Cheikhoul Khadim en exil en Mauritanie. Il y resta jusqu’à 1907. Homme de terrain, doté d’un grand discernement, il accompagna son père à Dakar, sur invitation du Gouverneur Général de l’A.O.F. Cheikh Modou Moustapha Mbacké, comme on l’appelait affectueusement, eut la lourde tâche de diriger la communauté mouride, dans ses années d’affirmation, marquées par la disparition de Cheikhoul Khadim, la crise économique des années 30 et une épidémie de peste qui ravageait tout sur son passage. C’est dans ce contexte difficile, marqué par la réticence de certains des grands disciples et l’hostilité des colons, que Cheikh Moustapha accomplit à la lettre les recommandations de feu son père, dont le premier grand pari étaient de l’inhumer à Touba, chose quasi impossible, du fait du statut de prisonnier en résidence surveillée de Serigne Touba.

Le deuxième grand pari réussi par Cheikh Moustapha a été la construction de la grande mosquée de Touba, dont l’autorisation de construire a été retirée à Cheikhoul Khadim, dès 1925. Après de multiples tractations et procès contre les autorités coloniales, il obtint l’autorisation de construire, mais devait au préalable respecter la clause du financement sur fonds propres de l’embranchement de la voie ferrée, Diourbel-Touba, long de 48 km, pour permettre l’acheminement des matériaux depuis Dakar. La route étant à cette époque presque inexistante. La réalisation de cet important ouvrage conçu de manière très rudimentaire, à cette époque la technologie n’étant pas avancée, les mourides, par le biais de leur Khalife, ont montré leur réalisme, leur efficacité, par un impressionnant travail à la chaîne où tout se faisait à la tâche, prouvant ainsi leur sérieux et leur organisation, mais aussi le sens de l’entrepreneuriat, le culte du travail et du management.

Le 4 mars 1932, il posa la première pierre de la mosquée et tint aux mourides un discours rassembleur, les invitant au travail et à la dévotion, à taire les velléités et à se consacrer à l’essentiel, conformément à la volonté de Cheikh Ahmadou Bamba. Avec la construction de cet édifice religieux, il a montré la voie. Plein de lucidité et de calme, Serigne Modou a su imposer sa personnalité et son charisme. Sa dignité, sa droiture et son efficacité ont fini par convaincre les plus sceptiques.

Il a ainsi jeté les bases d’une nouvelle communauté plus soudée, bien structurée, apte à relever les nouveaux défis qui allaient interpeller la communauté, dans un monde en pleine mutation. Il fut le prototype même de l’agriculteur aguerri aux rigueurs de la vie champêtre et l’exemple vivant du bon mouride, avec sa nature posée et son intelligence très fine. Il provoqua un grand élan mystique qui favorisa un essor économique de la région de Diourbel. La production arachidière était passée de 20 000 tonnes à la fin des années 1930 à 75 000 tonnes, entre 1937 et 1938.

Après 18 ans passés à la tête de la communauté mouride, Hamdy, comme l’appelait sympathiquement les anciens, tira sa révérence à l’aube d’un vendredi pluvieux du mois de juillet 1945. Il fut inhumé auprès de son père dans l’enceinte de la grande mosquée de Touba.

Abdou Fatah Gaye 

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *