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L’interview d’Ibrahima SENE avec l’hebdomadaire  » NouvelHebdo »

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En partage l’interview que j’ai donnée à l’hebdomadaire  » NouvelHebdo » publiée depuis mardi 31 Janvier 2017

Questionnaire:

+ Avec un taux de croissance qui tend à s’installer autour de 6%, est-ce suffisant pour soutenir que l’économie sénégalaise est en bonne santé ?

Réponse : Avec un taux de croissance qui est passé de 3,5% en 2013, puis à 4,3% en 2014,
Ensuite, à 6,5% en 2015, et à 6,8% en 2016, il est incontestable que l’économie sénégalaise est dans une tendance de croissance forte. Mais le taux de croissance à lui seul ne suffit pas pour statuer sue la santé économique d’un pays.

+ Les fruits espérés de cette économie en croissance se font-ils sentir maintenant ou faut-il attendre encore une certaine période ?

Réponse : Dans le secteur privé moderne la répartition des fruits de la croissance a évolué comme suit comparativement à 2011, selon la « Banque des Données Economiques et Financières » (BDEF) du Ministère de l’Economie et des Finances : 2011 – 2015

Part des Salaires : 46,6% 50,5%
Part du capital 47,2% 42,0%
Part de l’ETAT 6,2% 7,3%
Donc, il est clair que les fruits de cette croissance dans le secteur privé moderne a été bien ressenti par les Salariés et par l’Etat.

Dans le secteur public, l’accroissement de la part de l’Etat dans la Valeur Ajoutée du secteur privé moderne lui a permis de baisser l’impôt sur le revenu, notamment chez les salariés du secteur public, pendant que l’impôt sur les Bénéfices des Sociétés était augmenté, passant de 25% à 30%.

Dans le secteur agricole, l’accroissement des subventions pour les semences, l’engrais et le matériel agricole et de technologie post- récolte, accompagné d’une pluviométrie favorable s’est répercuté par l’augmentation des productions qui ont permis, avec la hausse des prix producteurs à améliorer les revenus du monde rural.

Cependant, malgré tous ces acquis en termes de croissance et de meilleure répartition des fruits de celle- ci, l’analyse de la « Pauvreté subjective » en 2015 entreprise par le Ministère de l’Economie et des Finances, montre que tout cela est encore insuffisant pour vaincre la pauvreté.

En effet, les résultats de cette analyse ont montré que :
– 25,8% des Sénégalais sont très pauvres ;
– 30,7% sont pauvres ;
– 41,5% sont moyens
– 1,8% sont Riches ; et
– 0,2% sont très riches.

Cette stratification de la Société montre qu’avec 56,2% de Sénégalais qui se déclarent pauvres et très pauvres, il reste encore beaucoup à faire pour arriver à une croissance et à une répartition de ses fruits en mesure d’éradiquer la pauvreté.

Le PSE table sur une croissance 7% stable et durable et des politiques d’inclusion sociale comme la « Bourse familiale », la « Couverture Maladie Universelle », le PUDC, le PUMA et de Programme de modernisation des Villes Secondaires, et des Cités Religieuses», pour réduire significativement la pauvreté.

Avec la découverte et l’exploitation des ressources en pétrole, gaz, fer, or, zircon, qui s’ajoutent aux phosphates, les perspectives d’une croissance forte et durable sont à la portée du Sénégal, s’il parvient en même temps d’éradiquer les entraves structurelles à celle-ci.

+ Y a-t-il des leviers structurants sur lesquels peut reposer durablement cette croissance ? Un secteur agricole dynamique (notamment l’arachide) suffit-il pour y arriver ?

Réponse : Le secteur agricole adossé sur une industrie de fabrication de matériels agricoles et de technologie post- récolte, et de transformation des productions agricoles et animales, en produits finis, peut- être, au-delà de l’arachide, un secteur structurant de croissance durable et stable.

De même que le secteur minier, pétrolier et gazier constitue aussi un levier structurant pouvant contribuer à rendre plus forte, cette croissance durable et stable.

Mais pour ce faire, notre Economie devrait sortir de la Zone Franc pour s’orienter résolution vers une Zone monétaire CEDEAO, avec une monnaie commune arrimée à un panier de Devises, et surtout, éviter que les APE ne détruisent les acquis de notre intégration économique sous régionale, en y créant des zones Douanières différentes entre pays signataires d’une part, et pays non signataires, d’autre part.

Le Sénégal ne peut atteindre une croissance forte stable et durable en mesure de réduire significativement la pauvreté et le chômage en dehors d’une CEDEAO dotée d’une monnaie commune.

+ Sur les 4 à 5 dernières années, comment jugez-vous la politique d’endettement du gouvernement sénégalais ?

Réponse : Selon le « Cadre de Viabilité de la Dette » (CVD) du « Comité National de la Dette Publique » (CNDP), les seuils ci- dessus sont fixés pour le Sénégal en accord avec les Institutions de BrettonWoods. Ces seuils sont :
– Service de la Dette Extérieure sur les Exportations : inférieur ou égal à 25% ;
– Service de la Dette Extérieure sur Recettes fiscales : inférieur ou égal à 22%.
Or, l’évaluation faite pour le Sénégal en 2014, au démarrage du PSE, avait montré que notre pays était respectivement à 6,5% contre un seuil de 25%, et à 8,6% pour un seuil de 22%.

Donc, l’option de financer le PSE par des Ressources propres et par des Emprunts concessionnels à la place des Investissements Directs Etrangers (IDE), est un choix de souveraineté nationale, qui irrite les Institutions de BrettonWoods.

C’est ce choix qui a permis de bénéficier de prêts chinois de plus long terme, avec de bas taux d’intérêt, et de SUKUK sans taux d’intérêt aucun, qui à terme vont réduire significativement le poids des remboursements de la Dette extérieure sans entraver notre capacité d’emprunt.

De même, le profilage de la dette intérieure encours qui privilégie les « Obligations d’Etat » au détriment des « Bons de Trésor » à plus court terme et plus coûteux, constitue un autre aspect de la politique d’endettement prudente du Gouvernement, qui est plus efficace pour solutionner les besoins de financement des Programmes du PSE, tout en renforçant notre souveraineté économique.

+ Le ministre de l’Economie et des Finances juge cet endettement soutenable. Quels sont les secteurs qui absorbent réellement cet argent emprunté ?

Réponse : Dans le Budget 2017, l’endettement est constitué « d’Emprunt Projet » de 222 milliards déjà obtenus, et « d’Emprunt – Programmes » d’un montant de 629 milliards Frs CFA, à rechercher sur le marché financier, pour le financement, notamment du déficit public.

Donc, il n’est pas fondé de se demander quels sont les secteurs qui profitent de l’endettement, puisque les « Emprunts Projets » sont déjà obtenus dans l’Endettement passé pour des Projets dans des Secteurs déjà retenus, tandis que les « Emprunts Programmes » sont des « Dettes nouvelles » qui sont destinés à financer le Déficit budgétaire.

C’est ainsi qu’en 2017, le financement extérieur de 1066 milliards dont 215 milliards de « Dons », 222 milliards « d’Emprunts Projets » et 629 milliards « d’Emprunts Programmes », a servi au financement des projets et programmes d’investissements pour 437 milliards de FCFA, dont des prêts à des conditions concessionnelles pour un montant de 222 milliards de FCFA (50,8%), et de subventions pour un montant de 215 milliards de FCFA (49,2%).

Donc la véritable question qui devrait être posée c’est de savoir plutôt, à quels secteurs profitent ces Dépenses budgétaires, qu’il a fallu équilibrer par le recours à l’endettement de 629 milliards.

Cependant, cet endettement est soutenable, tant qu’il est remboursable sans entraver nos capacités d’Investissement public, et ce qui est le cas.

Les secteurs qui ont principalement bénéficié de ces Dépenses budgétaires peuvent être identifiés dans la Loi des Finances de 2017.

C’est ainsi que les « Dépenses de Fonctionnement » retenues sont de de ¬756,9 milliards, soit une augmentation de 1,5%, dont 344,9 milliards qui sont exécutés par l’Etat, et qui sont communément appelés « Dépenses de Train de vie de l’Etat ». Elles ont baissé de 2,8% par rapport à 2016.

Celles qui y sont consacrées au « Transfert » en faveur des Agences, et des Universités, notamment, et celles consacrées aux Subventions, sont de 413 milliards, soit une hausse de 5,3%.

Selon les normes en vigueur au Sénégal, les « Ressources Internes » désignent les ressources budgétaires dont le Trésor est comptable assignataire, autrement dit, celles qui sont exécutées selon les procédures nationales. Elles se répartissent comme suit :
– recettes budgétaires qui sont composées des recettes fiscales et des recettes non – fiscales d’un montant de 2 084,1 milliards de FCFA ;
– dons budgétaires : 35 milliards de FCFA ;
– recettes exceptionnelles : 63 milliards de FCFA.

Les Dépenses d’Investissement sur Ressources propres de 788,2 milliards, soit une augmentation de 29% par rapport à 2016.

La part de celles- ci sur l’Investissement public total, est passée de 28% en 2000, à 56% 2016 et à 64% en 2017, élevant ainsi, considérablement, le coefficient de notre souveraineté budgétaire.

Donc, en 2017, la première destination des Ressources budgétaires du Gouvernement, ce sont les Investissements, dans lesquels, la priorité a été accordée à l’investissement dans le secteur agricole, avec 153,947 milliards, suivi de la Santé, avec 122,942 milliards, puis de la Sécurité, avec 110,880 milliards, et de l’Education, avec 96,824 milliards, totalisant 61,4% des Investissements totaux sur ressources propres.

Faillait il réduire ces Dépenses ou celles destinées autres secteurs pour réduire notre nouvel endettement, il est loisible à tout un chacun de faire son choix et de l’expliquer au peuple.

En tous cas, le Gouvernement de BBY du Président MackySall a fait un choix d’Indépendance nationale, de croissance forte et durable, qu’il s’agit de conforter en se libérant des entraves structurelles de l’Economie Sénégalaise, et de justice sociale et inclusive dans la répartition de fruits de la croissance.

Ibrahima SENE PIT/SENEGAL/CDSS/ BBY

l’hebdomadaire  » Nouvel Hebdo

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