«Le Sénégal se couche derrière le financement tchadien»Me François Serres, un des avocats du Président Hissène Habré, invité du «Grand Oral», samedi dernier, sur Rewmi FM, a débattu longuement sur le procès de l’ancien Président tchadien, poursuivi pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité, torture.
A la reprise du procès le 7 septembre prochain, votre client va-t-il collaborer ou va-t-il récuser les avocats qui lui ont été commis d’office ?
«D’abord il faut insister, pour mieux camper le décor, que la position du Président Habré qui est connue, a été de contester, dès son enlèvement illégal, la légitimé de cette chambre.
Donc, ça a entrainé, pendant toute la phase d’instruction, ce refus de participer à un exercice d’une défense devant les juges d’instruction des chambres africaines et de participer, comme nous d’ailleurs qui l’appuyons dans cette démarche, à un quelconque acte d’instruction, parce que nous estimons que l’enquête conduite par les juges d’instruction des chambres africaines a été téléguidée, manipulée et financée par le régime tchadien.
Donc, sa position n’est pas nouvelle et ce qui s’est passé devant les Chambres africaines n’est pas une surprise. La seule chose que je peux dire, c’est qu’il y a deux faits nouveaux.
D’abord, une extraction de force, violente, brutale de la part de ces personnes qui sont allées s’en saisir dans la prison du Cap manuel, sur ordre du Procureur Mbacké Fall, c’est-à-dire en violation des pouvoirs du Président des chambres africaines, M. Gustave Gberdao Kam.
Ce qui nous laisse quand même surpris et gravement choqués de l’affaiblissement des pouvoirs de ce Président qui est un peu «la couleur africaine», si je peux m’exprimer ainsi, au sein d’une justice purement composée de magistrats à la solde du pouvoir sénégalais.
Puisqu’ils sont tous dans une relation, que ce soit Mbacké Fall, directement sous instruction du ministre de la justice ou pour les autres, dans un cadre hiérarchique, soumis au ministre de la justice, ce n’est pas une surprise, comme du reste ces avocats qui n’ont pas, entre guillemets, participé à l’instruction et qui ont refusé d’aller, dans les valises des juges d’instruction et de Mbacké Fall, au Tchad.
Cela dit, puisque vous parlez des avocats commis d’office, j’insiste qu’à ce jour, Me Diawara et moi-même sommes les avocats du Président Habré, les seuls à pouvoir porter sa parole, les seuls à pouvoir le représenter et les seuls à pouvoir dire ce qu’ils pensent des procédures qui sont en cours.»
Peut-on parler de procès équitable, avec ces avocats commis d’office ?
«Je crois que le Procureur Mbacké Fall, très rapidement et un peu maladroitement, a, d’ores et déjà, campé le décor, en disant que ces avocats ne représentent pas l’accusé.
C’est dire à quel point le procès est équitable, ils représentent les Chambres africaines qui les ont désignés. Puisqu’en fait, ils sont une sorte de paravent et je dirais des marionnettes dans un procès qui, parce qu’il faut des avocats, pour qu’il semble équitable, ont été désignés par les Chambres africaines.
Il faut une défense, oui, mais la défense, elle s’exprime. Qui dit aujourd’hui que le Président Habré n’a pas de défense. Il a une stratégie de défense qui consiste à ne pas comparaître, à refuser de comparaître et à demander à ses avocats de ne pas être présents dans une enceinte judiciaire qu’on estime manipulée par le régime Déby.
Qu’elle s’exprime à l’extérieur du procès, à l’extérieur de l’enceinte, c’est une chose, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de défense. La défense qui pourrait être organisée par ces avocats d’office contre le gré de l’accusé, contre sa volonté, contre son intérêt, n’en est pas une.
C’est une complicité, une connivence avec un théâtre de justice ou plutôt un théâtre d’injustice.»
Habré a-t-il besoin de ces avocats ?
«Le principe, tel qu’il est posé par les Chambres africaines, c’est que le Président Habré a le droit d’être présent à son procès. Ce n’est pas une obligation.
C’est un droit pour lui. Un droit auquel il peut décider de renoncer et c’est ce qu’il souhaite. Ensuite, il a le droit de désigner le conseil de son choix.
C’est ce qu’il a fait depuis 2008 et je suis son avocat depuis 2008.
Il n’a pas récusé mon mandat, je parle à son nom et je peux vous dire que le texte des statuts nous dit simplement que l’avocat d’office n’intervient simplement que s’il n’y a pas d’avocat constitué, désigné. C’est un cas qui est d’ailleurs repris dans les textes sénégalais.
Je crois que c’est partagé par beaucoup de membres de la profession du Sénégal que j’ai rencontrés pendant ces deux ou trois jours d’audience.
Si on a un avocat qui est constitué, désigné, on n’a pas besoin d’un avocat commis d’office. L’avocat d’office n’est là que pour représenter quelqu’un qui n’a pas d’avocat et le Président Habré a un avocat.
Ce qui fait que ces gens là qui sont désignés par le tribunal ne sont là que pour donner l’illusion d’un procès équitable. On dit qu’il n’y a pas d’avocat dans la salle, mais le Président Habré n’est pas forcément dans la salle. Si on ne l’extrait pas de force, il n’est pas dans la salle et cela veut dire qu’il n’est pas accusé.
C’est quand on est dans la salle qu’on est accusé ou avocat. On est accusé, parce qu’on est accusé formellement et on est avocat, parce qu’on est désigné par un client, on en est les mandataires. Cette défense, elle s’exprime comme dans cette émission et je n’ai pas besoin de dire que je suis devant la barre et je suis en train de parler au nom du Président Habré.»
Quel est le rôle d’un avocat commis d’office ?
«Ce que les gens doivent comprendre, c’est que l’avocat d’office est là pour suppléer un avocat qui n’est pas là et pour permettre à quelqu’un qui n’a pas d’avocat ou qui n’en a pas les moyens, d’assurer sa défense.
Mais, ces avocats n’assurent pas la défense du Président Habré, puisque sa parole, c’est de contester la légitimé des Chambres. A partir du moment où les avocats mettent les pieds dans les Chambres, ils violent la parole du Président Habré, ils violent sa défense et sont les complices de l’organisation d’un procès équitable.
Si on peut dire un mot sur ces avocats, quelle est leur mission ? Ils ont 45 jours pour lire un dossier. Le Président Kam a eu trois mois et les parties civiles sont là depuis plus de 2 ans. C’est pour montrer déjà le déséquilibre. Ils vont comprendre un dossier qui est inéquitable. Puisqu’il est uniquement constitué à charge.
Ils ont une tâche impossible, parce que devant faire l’avocat devant une juridiction qui soit une vraie juridiction qui ne soit pas un théâtre de pantomime, comme ça l’est aujourd’hui.
Moi, on m’a dit, en juillet 2013, renvoi lors de l’inculpation pas question, copie du dossier pas question, accès au dossier pas question, défense, plaidoirie contre l’inculpation pas question, plaidoirie contre la mise en détention pas question. Voila la justice sénégalaise, telle qu’elle est retranscrite dans le code.
Je n’ai pas pu me rendre au Tchad pour mener des enquêtes. Je tiens un avis, donc je sais que ma sécurité est menacée au Tchad. Combien de mes confrères ont été frappés récemment, pour avoir tenté de mener une enquête sur ce qu’on pense d’Habré, sur ce qu’on pense d’Idriss Deby, etc. Ce n’est pas possible de faire une enquête équitable au Tchad.»
Pourquoi dénoncez-vous la position de Me Sidiki Kaba ?
«Sidiki Kaba, quand il faisait semblant d’être le président de l’organisation des droits de l’homme, il avait dit qu’il n’est pas possible de faire une enquête équitable au Tchad.
Lorsque le Président Habré a été poursuivi en 2008, pour les faits commis à un moment donné où Idriss Deby a failli être renversé, donc il n’y avait rien à voir. Mais il était condamné à mort et Sidiki Kaba a été le premier à dire qu’on ne va pas le juger au Tchad.
Il ne peut pas y avoir un procès équitable au Tchad et le Président de la ligue des droits de l’homme du Tchad a dit la même chose. Donc, comment ces gens là peuvent aujourd’hui nous faire croire aujourd’hui qu’il peut y avoir un procès équitable, alors que la même enquête a été conduite sur le pays dont ils dénoncent l’iniquité et qui sert de base au procès aujourd’hui ?
Enquête à charge.
Dès le départ, le Procureur Mbacké Fall a campé le décor. Il a dit ‘je suis là pour enquêter à charge.
Je suis là au bout d’une semaine et je constate qu’Idriss Deby n’a rien fait.’ Evidemment, il est payé par l’Onu, entre guillemets. Ce qui veut dire que Deby finance les Chambres africaines.
Voila des gens qui sont dans une relation financière.
Malheureusement pour eux, la presse sénégalaise a prouvé à quel point et jusqu’où allait ce lien financier. Parce qu’ils ont reçu de l’argent ça a été dénoncé et l’administration a dû s’en expliquer.
Ils ont dû restituer. Devant quelle justice sommes-nous ?
A partir du moment où il y a des liens financiers directs entre le financier du procès et les juges chargés d’enquêter à charge. Le Procureur indépendant de la Cpi, il enquête à charge et à décharge et à plusieurs reprises, des décisions de la Cpi les ont obligés à fournir des pièces à décharge qu’ils avaient trouvées à la défense.
Donc aujourd’hui, qu’on ne dise pas ‘vous n’avez pas été au Tchad ou vous n’êtes pas en mesure de produire un témoin à décharge.’
Les Sénégalais doivent savoir qu’il y’a 13 millions de Tchadiens et il n’y a pas un qui peut venir à Dakar témoigner en faveur du Président Habré.
Pourquoi ?
Parce qu’il va demander immédiatement d’être un refugié politique.
On ne peut pas faire des enquêtes au Tchad.
Idriss Deby était le maître de cette instruction, le maître de cette enquête et il a expurgé de tous les procès verbaux qui sont sur la table du Président des Chambres africaines, M. Kam : tout ce qu’il veut mettre en cause, tout ce qu’il veut restituer dans l’histoire du Tchad dans cette actualité.
Même la presse sénégalaise, il y en avait un paquet. Une vingtaine d’organes de presse étaient parties avec les Chambres africaines.
Voila comment la presse sénégalaise est partie et certaines d’entres elles se sont impliquées dans le dossier Habré, totalement manipulées, totalement liées aux consortiales de sensibilisation, avec qui, ils ont fait des accords, des formations. On leur a appris à dire ce qu’il faut dire et ce qu’il ne faut pas dire dans l’affaire Habré, etc ».
Que pensez-vous des documents de la DDS ?
«Quand on cite des gens pour être entendus par les juges, qui les choisit ?
Bien évidemment, les Ong, parce qu’elles ont fait un travail en amont.
Depuis 2000, contrairement à ce que raconte le manipulateur R. Brody, Human right watch et Fidh, dans le cadre d’une collaboration avec les services de sécurité tchadiens, lui ont remis un paquet de documents de la DDS et qu’il a été en charge de leur reconstitution.
Voila la différence que je vois entre la stratégie d’une Ong qui veut se taper un chef d’Etat africain.
Et puis, la réalité des prétendues victimes ?
On n’a jamais dit qu’il n’y avait jamais eu des morts au Tchad pendant cette période. Mais, il y en a eu du côté du Président Habré, il y en a eu du côté des Libyens, du côté des femmes violées par les Libyens, il y en a eu du côté des Français etc.
On a tronqué l’histoire du Tchad entre 82 et 90 et on a même tronqué, au sein de cette histoire, les prétendues responsabilités d’Idriss Deby.
Donc, quand les juges partent là-bas, ils vont entendre des gens qui sont choisis d’avance.
Je le sais, parce qu’on a un certain niveau d’informations qu’un certain nombre de procès verbaux ont été expurgés de toutes responsabilités d’Idriss Deby.
Même si aujourd’hui, il y’a des gens qui l’impliquent directement sur un certain nombre d’événement.
D’abord, ces documents sont des documents d’un appareil politique qui, dès la prise de pouvoir par Idriss Deby, a constitué une commission d’enquête non indépendante internationale.
Qui a mené un travail à charge, pour faire croire qu’Idriss Deby est un grand démocrate qui avait renversé un horrible dictateur, alors qu’il était numéro 2 du régime. Ces documents, leur crédibilité, elle est nulle.
Amnesty avait d’abord dénoncé cette enquête, à l’époque et ce sont ces documents qui ont servi de base d’abord, à l’enquête de Human Right Watch et de la Fidh.
Tout cela a été mené par la même bande et ils ont monté cette enquête à charge. Et, c’est cette enquête qui a été donnée, comme un sucre d’orge, à Mbacké Fall.
Quand il part au Tchad en 2013, c’est-à-dire avant l’arrestation du Président Habré, il part faire une prétendue enquête en une semaine, ce qu’il est incapable de faire, comme aujourd’hui, il est incapable de rédiger quoi que ce soit, parce qu’il embauche des juristes français pour le faire à sa place.
Mais, il fait un réquisitoire de 56 pages. Moi, j’ai demandé à tous mes confrères, parce qu’on a jamais vu un réquisitoire de 56 pages fait à partir d’un travail d’une semaine, alors que généralement, il faut une à deux pages qui n’est que le copier coller de l’enquête de Human right watch.
On a une réplique de copier coller jusqu’à l’ordonnance de renvoi. On n’est pas en présence d’une enquête équitable et je crois qu’à partir de ce moment là, quel que soit le plaisir que peut avoir un avocat à aller faire un cirque, un show devant les Chambres africaines et d’utiliser les moyens les plus violents possibles, on sait très bien le résultat. Le Président Habré a décidé à ne pas participer à ce cirque.»
Vous semblez dire que le Sénégal se couche derrière le financement tchadien, américain et français ?
«Bien évidemment. Ce que doivent comprendre les gens, c’est qu’on n’est pas dans un contexte Cpi. On dit que la Cour pénale internationale n’intervient que si la juridiction nationale n’est pas capable d’intervenir.
On n’est pas dans ce cadre là, puisque le Sénégal n’a rien à voir avec cette affaire. Au fait, l’Union africaine décide avec le Sénégal, pour des raisons, suite à l’avant dernière décision de la Cedeao de monter une juridiction prétendument internationale. Ce qu’on aperçoit, c’est que cette juridiction n’est pas internationale.
Elle est composée, à 95%, de juges sénégalais contre qui, je n’ai rien, mais qui ne peuvent pas se permettre de dire que c’est une juridiction internationale.
Puisqu’on sait qu’elles sont composées autrement par désignation du secrétaire général des Nations unies sur les critères d’indépendances, etc. Ensuite, les juges de la Cedeao disent une fois le règlement de procédure internationale, ce qui a été raillé par Mme Aminata Touré, parce qu’elle savait très bien que si on faisait ça, il y avait des droits pour l’accusé, des droits pour la défense, il fallait organiser des voyages, il fallait assurer la sécurité des avocats, permettre des enquêtes, etc.
Donc tout ça n’a pas été permis et le moment clé, c’est qu’à un moment donné, c’est-à-dire que la bataille de communication a été perdue par la Chambre africaine.
Ils se sont dit qu’il ne va pas faire sérieux de ne renvoyer que le Président Habré, seul, devant les Chambres. Il va en falloir rajouter deux à trois personnes pour faire joli.
Et donc, on a demandé, il y a eu des interventions, il y a eu des voyages pour convaincre Idriss Deby de renvoyer deux ou trois personnes qui étaient visées par le Tchad et à un moment donné, Deby a dit niet. Parce qu’il s’est fâché avec les Chambres, lorsque sa constitution de partie civile a été rejetée.
Il a demandé le remboursement du fric que ces juges avaient touché. Ensuite, il a dit que là c’était terminé.
Et là où le Sénégal s’est couché et en premier lieu, Me Sidiki Kaba, c’est qu’ils ont dit d’accord.
Cela veut dire qu’on va faire un procès bidon à Ndjamena pour protéger la parole pro Habré de venir à Dakar s’exprimer.
On va condamner plus ou moins sévèrement toutes ces personnes et on les garde au Tchad et on va les gracier.
En faisant ça, ils ont violé l’accord entre le Sénégal et le Tchad qui prévoyait cette remise, ils violaient les statuts qui conféraient à ces Chambres l’exclusivité des poursuites et ils violaient le traité de l’Union africaine et du Sénégal.
Ce qui veut dire qu’à partir de ce moment, il n’y a pas plus de chambre. Il faut dire que Deby est derrière, avec son pétrole, pour arroser tout le monde.
Franchement, c’est la honte de la justice internationale. Ce qui me frappe aussi, c’est qu’aujourd’hui, on utilise cet argument ‘oui c’est formidable, on peut juger en Afrique.’
Ça vient dans un contexte très particulier, alimenter la critique africaine contre la Cpi, alors que le fondement de l’affaire Habré remonte à 10, 15 ans, à un moment où la critique contre la Cpi n’avait pas émergé et c’est en cela qu’on trompe des gens en disant que ce procès est exemplaire.
La réalité de la lutte contre la Cpi, c’est Monsieur et Madame Zoubar qui, s’ils étaient encore ensemble, n’auraient pas pris des positions divergentes.
L’affaire Habré n’est que de la liquidation politique de quelqu’un qui a été un opposant à Kadhafi, à Mitterrand et qui n’était pas dans le jeu de la France Afrique.
Tout cela remonte à il y’a 15 à 20 ans.»
Pensez-vous que votre client sera condamné ?
«La feuille de route de l’instruction qui est uniquement à charge et qui ne reposerait que sur des éléments à charge, ne pourrait que conduire à des juges de prononcer ce que tout le monde attend et qui est la feuille de route des juges depuis le départ.
A partir du moment où une conférence politique donne à des juges un mandat de juger, que le texte des statuts dit qu’il est le principal responsable, comment voulez-vous que le résultat ne soit pas cela ?
La condamnation, elle est déjà acquise et qui peut mieux le dire que moi, si ce n’est Sidiki Kaba. Puisqu’il a dit que la grande chance de Habré, c’est qu’il ne sera pas condamné à mort. Donc, cela veut dire que Monsieur Kaba a dit clairement aux juges : ‘voila, vous allez condamner à perpète ou je ne sais quoi.’
De son côté, Aminata Touré, elle, a même été jusqu’à supprimer le droit de grâce, puisqu’il y a eu deux versions.
Le jour où le traité a été signé, il y avait le droit de grâce encore et il a été après modifié. Ce traité signé entre le Sénégal et l’Union africaine est un faux.
Les juges sont en train de statuer sur un faux. Et, ils ont des documents ramenés du Tchad qui sont des faux dont personne ne peut attester de l’authenticité, puisqu’ils ont été après triés sur le volet par les juges à la solde d’Idriss Deby.»
Qu’est-ce qui s’est passé entre votre client et Me Clédor Ly ?
«Le comportement de Me Ciré Clédor Ly est tellement étrange qu’il n’a cessé, ces mois deniers, de rendre visite au Président Habré, pour revenir dans le dossier. J’imagine que ce qui attire chez Habré, c’est le sentiment qu’on va participer à une affaire qui est retentissante dans l’opinion et le fait d’être son avocat donne accès aux médias, donne accès à une certaine couverture médiatique, etc.
Donc, cet avocat n’a pas cessé d’aller le voir et le Président Habré qui a une vision très claire des choses, a toujours refusé de le remettre dans le dossier. Aussi, Clédor allait-il voir les Chambres, demander la copie du dossier, s’impliquer et ce qui s’est passé est, à mon avis, le fruit d’une stratégie concertée, c’est-à-dire que Clédor Ly a, sans doute, dû dire aux Chambres : ‘ne vous inquiétez pas, moi, je vais être l’avocat qui va amener le Président Habré à participer à ce procès, je vais être son avocat et je vais faire le show devant les médias.
C’est la raison pour laquelle il s’est joint furtivement aux avocats d’office, a commencé à parler, alors qu’il n’était pas pressenti comme avocat d’office, mais il était un avocat pressenti par les Chambres, avec toute la connotation négative que vous pouvez imaginer. Il s’est mêlé aux avocats d’office, jusqu’au moment où le Président Habré qui voyait ces avocats qui s’agitaient derrière lui et qui a reconnu la voix de Clédor Ly, a dit ce qu’il avait à dire de cet avocat. Il est très possible que si le Président Habré n’avait pas réagi aussi violemment qu’il l’avait fait qu’autre chose se produise.
Et heureusement qu’ils ont été séparés par les gardes de sécurité.
Parce que le Président Habré était furieux de l’attitude de cet avocat. Manifestement, l’idée et la stratégie des chambres, c’était d’assurer la couverture des avocats d’office par quelqu’un qui a beaucoup plus de légitimé et qui soit Clédor Ly.»