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La commémoration de de la Fête internationale du Travail, ce 1er Mai 2018, se déroule dans un contexte international de vives tensions.
Des tensions politiques, notamment au Moyen Orient, entre les Etats Unis et l’Union Européenne d’une part, la Russie et l’Iran de l’autre. Mais aussi un contexte d’aggravation des contradictions économiques entre les USA et la Chine, pour un nouveau partage économique du monde.
Sans occulter l’accentuation des agressions d’Israël contre la Palestine, celle des djihadistes dans la région sahélienne en Afrique, notamment au Mali.
Le tout se joue sur fond d’une remontée du prix du baril de pétrole qui est à 54,8 dollars en 2017 contre 44,2 dollars en 2016 et de hausse du prix de la tonne de riz qui passe de 388 dollars en 2016 à 420,4 dollars en 2017.
En Afrique, l’année syndicale écoulée a vu la création, par 44 Etats parmi lesquels le Sénégal, d’une Zone de Libre Echange Continentale (ZLEC) dont la ratification prochaine va changer complètement l’environnement, l’envergure des activités économiques et celle des luttes syndicales pour la défense du Travail salarié.
Dans la période, le Sénégal a connu, au plan économique, un taux de croissance du PIB de 7,2%, une baisse du taux de chômage qui de 16,8% en 2016 passe à 15,8% en 2017.
Dans le secteur privé, cette embellie économique et sociale se traduit par une baisse du taux de chômage qui passe de 15% à 13,2% entre le deuxième semestre de 2016 et celui de 2017, tandis que le salaire moyen mensuel augmente de 120 275 frs à 139 458 frs pour la même période.
Cependant, en dépit d’un différentiel d’inflation favorable de 1,7%, l’économie sénégalaise a subi une baisse de 3,1% de sa compétitivité- prix en raison de son appartenance à la Zone Franc.
Il convient , par ailleurs, de signaler que les effets des politiques d’administration des prix des principaux produits de consommation courante ont permis, jusqu’à présent, d’empêcher la répercussion de la hausse du baril et du riz sur leurs prix intérieurs.
Il est utile de préciser qu’il a fallu que l’Etat subventionne à hauteur de 78,5 milliards les produits pétroliers pour laisser inchangés les prix à la pompe et ceux du gaz domestique.
Et c’est bien dans un tel contexte que le P.I.T apprécie la hausse significative de la prime de transport obtenue par les syndicats.
Dans le Secteur public, l’amélioration de la situation budgétaire s’est traduite par un déficit en baisse à 3,7%, malgré une hausse de la masse salariale de la Fonction publique.
elle-ci est passée de 560,7 milliards à 612,6 milliards, se conjuguant avec une hausse des effectifs de 9,4% avec 125205 agents en 2017 contre 114461 en 2016.
Malgré tout, une grave crise continue de vicier le climat social dans la Fonction publique, notamment dans les sous-secteurs de l’Education et de la Santé publique.
Au niveau de l’éducation nationale, le service public est mis en péril par le recours systématique à la grève.
En effet et selon les remontées d’informations, la grève actuelle des enseignants génère un déficit moyen de 10 à 12 heures hebdomadaires, soit 48 heures mensuelles, parasitant le processus d’apprentissage. En données constantes, il s’agit de 144 heures perdues pour 3 mois !
Ainsi, au regard des 403 heures dues pour le second semestre conformément au décret pertinent en la matière, il ne restera que 259 heures ou environ deux mois de cours effectifs. Ce qui, pour dire le moins, ne facilite pas de bonnes conditions de transmission de connaissances.
Or, c’est la demande d’augmentation de l’indemnité de logement et les rivalités entre les syndicats d’enseignants, pour la conquête d’une opinion favorable, qui sont en cause dans la « radicalisation » de la grève.
Cette situation résulte également d’une absence de concertation nationale sur le système de rémunération des agents de l’Etat en vue de le rendre plus équitable, mais aussi de la dérive corporatiste qui s’est emparée du mouvement syndical enseignant.
Cette dérive corporatiste a favorisé un glissement pernicieux de la revendication historique du mouvement syndical autour du slogan « à travail égal, salaire égal », à une revendication petite bourgeoise d’intellectuels : « à diplôme égal, salaire égal » !
Ainsi pour cette petite bourgeoisie syndicalisée, la compétence et le mérite pour occuper une fonction ne se mesurent qu’à l’aune du diplôme !
Pour le P.I.T, cette idéologie égalitariste, dans le mouvement syndical enseignant, est objectivement devenue un grand danger à enrayer pour renforcer le mouvement syndical et pour sauver le Service public, notamment de l’Education.
A l’occasion de cette fête du 1er Mai 2018, il est du devoir des Centrales syndicales de reprendre en main leurs détachements dans le secteur public aux fins de remettre le travail décent et l’équité au centre des revendications et des luttes.
Les Centrales syndicales du Sénégal, étant à la tête des organisations syndicales des pays de l’Union Africaine et de la CEDEAO, gagneraient beaucoup à rénover le mouvement syndical sénégalais pour qu’il soit le fer de lance de la défense du monde du Travail qui sera mis à rude épreuve par l’avènement de la ZLEC et de la Monnaie Commune de la CEDEAO.
Vive le 1er Mai 2018 !
Vivent la paix et la solidarité des travailleurs et des peuples du monde entier !