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Dakar, Les avocats de Karim Wade, fils et ancien ministre de l’ex-président sénégalais Abdoulaye Wade, en procès pour enrichissement illicite présumé, ont protesté mercredi contre des propos de l’ambassadeur de France au Sénégal qui a dit ne pas s’attendre à un non-lieu.
Les déclarations de l’ambassadeur Jean Félix-Paganon le 8 mars à la radio privée RFM, 15 jours avant le verdict attendu au procès de Karim Wade devant une juridiction spéciale, ont déclenché des remous au Sénégal.
« Je dirais qu’à l’inverse, un non-lieu serait plus étonnant. Ce n’est pas un souhait, mais un sentiment », a déclaré le diplomate, interrogé sur le fait de savoir si « au regard du déroulement du procès » il serait étonné par une condamnation de Karim Wade, contre lequel le parquet a requis sept ans de prison ferme.
Les avocats de Karim Wade ont condamné dans un communiqué des « propos
absolument insoutenables », estimant que l’ambassadeur « s’est immiscé non seulement dans les affaires intérieures de son pays d’accréditation mais s’est prononcé sur le dossier d’une affaire de justice mise en délibéré ».
En conséquence, ils « demandent au ministère français des Affaires
étrangères de clarifier la position du gouvernement de la France sur le procès de leur client », exigeant « des garanties sur la neutralité » de Paris.
« Notre pays n’est plus une colonie et ne devrait plus être considérée comme telle », a renchéri mercredi la principale coalition de l’opposition.
Sollicitée mercredi par l’AFP, l’ambassade de France n’a pas souhaiter
commenter ces réactions.
L’ex-président Wade (2000-2012) avait écrit le 10 février aux chefs d’Etat français François Hollande et américain Barack Obama pour solliciter « une assistance judiciaire » afin de permettre au Sénégal de « sortir d’une dangereuse impasse qui risque de déboucher sur une confrontation » dans cette affaire.
« Un Sénégal à feu et à sang avec des milliers de gens dans les rues pour défendre Karim Wade, je n’y crois pas », avait indiqué Jean Félix-Paganon, interrogé sur un risque de troubles dans le pays en cas de condamnation.
M. Wade, 46 ans, en détention préventive depuis avril 2013, est accusé
d’avoir illégalement acquis 178 millions d’euros par le biais de montages financiers complexes du temps où il était conseiller puis ministre de son père.
La Cour de répression de l’enrichissement illicite qui le juge depuis le 31 juillet 2014 lui attribue un patrimoine de 178 millions d’euros formé de sociétés, comptes bancaires, propriétés immobilières et voitures, ce qu’il nie.