});
Face aux protestations internationales, les militants pro-démocratie sénégalais et burkinabè arrêtés ce week-end ont été expulsés par avion mercredi soir de République démocratique du Congo (RDC), a constaté un journaliste de l’AFP, dans une affaire qui illustre la crispation du climat politique dans le pays.
Les militants sénégalais ont décollé de Kinshasa à 21H30 (20H30 GMT) sur un vol Brussels Airlines et les militants burkinabè à 21H50 (20H50 GMT) sur un vol Turkish Airlines, selon un journaliste de l’AFP présent à l’aéroport.
Un peu plus tôt dans la journée, Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais, avait déclaré à l’AFP que ces militants arrêtés dimanche à Kinshasa allaient « être expulsés du pays ». « C’est la meilleure solution que nous avons trouvée », avait-il ajouté.
Répondant à un « voeux » de son homologue sénégalais Macky Sall, le président congolais Joseph Kabila avait décidé « d’ordonner l’arrêt des poursuites contre les quatre sujets sénégalais et burkinabè », avait-il précisé lors d’une conférence de presse.
Tout est parti d’une conférence organisée samedi dans la capitale sur la bonne gouvernance et la démocratie par des militants du mouvement congolais Lutte pour le changement (Lucha) et de célèbres organisations de la société civile venues du Sénégal et du Burkina Faso.
Selon l’ambassade des Etats-Unis, pays qui a parrainé en partie la rencontre, « certains » membres ou proches du pouvoir congolais étaient également « présents ».
Alors que le débat sur un éventuel troisième mandat du président Kabila agite la RDC, les militants étrangers arrêtés dimanche appartenaient à « Y’en a marre », acteur majeur du combat contre un troisième mandat du président sénégalais Abdoulaye Wade (2000-2012), et au « Balai citoyen », en pointe dans la « révolution » qui a chassé le président burkinabè Blaise Compaoré en octobre 2014.
Un journaliste aussi arrêté, Eric Izami, de la chaîne congolaise privée Antenne A, a été libéré mardi soir.
Avant l’expulsion, la mobilisation internationale n’avait cessé de s’accentuer.
Le Burkina et le Sénégal sont montés au créneau, et la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) a dit avoir contacté les « institutions compétentes pour que les interpellés puissent être libérés ».
La Belgique, ancienne puissance coloniale, s’est inquiétée d’un « resserrement de la liberté d’expression et de l’usage disproportionné de la force, ainsi que du risque de détentions arbitraires ».
L’arrestation des militants est le « tout dernier signe alarmant de la répression de manifestations pacifiques » et « le signe d’une répression inquiétante de la liberté d’expression et de réunion en RDC », a condamné l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW).
AFP